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Elle fée partie d’une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), alors le fait de recevoir chaque semaine de super beaux légumes lui a donné envie de les montrer, de les photographier. Et de les peindre. « J’ai commencé par une botte de radis à l’aquarelle. Puis j’ai réfléchi à ce qui pouvait être beau sur un t-shirt. Le fenouil, qui ressemble à un cœur avec des artères et ce blanc hyper pur. Le brocoli, qui me fait penser à un arbre. Et la carotte, que j’ai voulu rendre unique en lui donnant toute son importance… »
Non, Rose n’est pas une douce illuminée, même si elle est lumineuse. C’est une artiste-peintre diplômée des Beaux-Arts, qui aime la mode et qui a eu la bonne idée de faire sortir la peinture d’entre quatre murs en faisant imprimer ses toiles sur textile ! « Le retour aux choses saines, l’effet bio m’influencent dans ma consommation, dans mes gestes au quotidien. J’ai eu envie de défendre ça, je fais passer un message en série limitée sur des t-shirts en coton bio et avec une impression qui injecte directement les encres dans la matière… » La fée, qui arbore avec jubilation un t-shirt Radis confirme : le tissu est fin et doux, et les couleurs vraiment belles.
C’est donc par la plate-forme de financement de projets Ulule que la fée connaissance avec Rose, et par l’entremise d’un t-shirt, j’ai découvert son univers. Et là en écrivant son portrait, je retourne regarder ses toiles sur internet, et je suis de nouveau conquise. Elle réussit à me toucher avec des souvenirs d’enfance, partie de pêche à la mare, visite au zoo, tout comme avec une vieille paire de chaussures dont l’une est déglinguée par la mer, ou encore le contenu d’une poubelle. Hé ouais, de détritus, elle fait une belle composition : « Des vides et des pleins, des géométries, des jeux de couleurs et ce bord de poubelle qui vient cadrer le tout. » C’est d’ailleurs cette toile, commencée à l’école dans le cadre d’une thématique sur l’accumulation, qui conforte définitivement l’artiste, lorsqu’elle la termine enfin, dans l’idée qu’elle veut peindre avant tout.
Peindre, c’est ce qu’elle fait depuis qu’elle est enfant, ses parents l’ayant inscrite vers 10 ans aux Beaux-Arts. « Déjà à fond, mon truc alors c’était les personnages de Disney, dessinés au crayon aquarelle. Je les ai tous faits ! » Pourtant, une fois adulte, son premier réflexe est de faire une fac de langues. Mais au retour d’un voyage Erasmus en Angleterre, Rose effectue une mise à niveau en Arts appliqués pour préparer les Beaux-Arts. « Mais je n’étais pas axée sur la peinture, et tout le monde me disait que l’art n’avait pas de débouchés. » Alors la miss signe pour cinq ans d’études de design. Sans s'y épanouir. Pendant ce temps, la peinture continue de lui faire des appels du pinceau, et elle réussit à en mettre dans le design : « On devait travailler sur les objets en série Ikea. J’ai choisi de peindre une toile de 1,50m sur 2m, qui reprenait l’affiche d’une pub pour un canapé, une peinture-objet qui fut exposée au Musée de l’Objet à Blois pendant la Nuit des Musées. »
Rose bifurque donc pour de bon en sortant de son école de design. « Je ne me voyais pas travailler pour une entreprise, dans un bureau et recevoir des ordres… » Mais elle garde cette sensibilité à la beauté de l’objet, le plus quotidien soit-il. Et des objets, elle en ramasse ! Cela s’appelle « glaner » et c’est un instinct qui lui vient de son père. « Ma mère, c’est plutôt l’intellectuelle, elle m’achetait des bouquins et des calendriers sur les peintres. Mon père, c’est le manuel, qui m’a transmis son goût de se raconter une histoire à partir d’un bout de corde et d’un vieux gant trouvés en marchant… On a toujours fait ça, c’est resté. » Et la marche, c’est la passion de Rose ! « La marche donne un regard différent sur ce qui nous entoure, dans un rythme ralenti, à contre-courant de la société de consommation. » Elle en fait son thème de mémoire aux Beaux-Arts : L'art de flâner, petites histoires de marche en ville.
Mais flâner, glaner, n’est pas glander ! Rose n’est pas rentière. « Un peintre a souvent au moins deux métiers à la fois » explique-t-elle, qui travaille comme serveuse pour divers traiteurs et comme « femme toute main » (sic) au service restauration d’une résidence pour personnes âgées. « Ainsi je peux choisir quand je peins, quand je travaille, et pour qui. C’est important pour moi. » Une certaine aversion pour la hiérarchie, pour les horaires, qui dénote surtout une grande soif de liberté ; ce qui n’empêche pas la jeune trentenaire de bien faire ces boulots alimentaires puisque c’est ça qui lui permet de peindre.
Rose aime composer sur de grands formats. Acrylique ou aquarelle, elle expérimente, dessine, esquisse, peint, repeint, dépeint... « J’ai toujours besoin de dépasser mes limites sur un sujet, j’ai l’impression que je n’ai jamais fini un tableau. Alors je le mets de côté pour revenir dessus, ou tout recommencer ! » Figuratif - la fée a envie de dire impressionniste - son travail est intuitif, et ses sources d’inspiration multiples. Rose sait reproduire la réalité au plus près et peint d’après les photos qu’elle prend. Ou qu’elle pioche au hasard, comme celle de l’ours au zoo, qu’elle avait prise étant petite, retrouvée dans une commode.
« Le cliché de l’artiste un peu sauvage, je suis pas mal dedans. J’ai besoin d’une bulle autour de moi. » Elle avoue être « complètement toquée » dans son processus de création, avec des horaires précis, une pause-clope à 16h, et du bruit. « Je peins avec les bandes originales des films d’Harry Potter, deux ou trois autres CD incontournables, comme London Grammar. Ou France Inter… » Le projet des t-shirts, sous l’étiquette Rose’s, lui a appris à prendre des initiatives, à oser plus aller vers les gens. Pour ses légumes, Rose s’est fée violence, et ça porte ses fruits ! Le Batofar à Paris l’a contactée pour présenter ses t-shirts lors d’une soirée « Arty Boat » en octobre. Et la peintre réfléchit d’ores-et-déjà à une série sur les coquillages et crustacés. Attention, talent en barres, ces t-shirts-là pourraient bien devenir collector…
En attendant le site de vente en ligne, pour en savoir plus sur l’art de Rose et pour le porter :
http://fr.ulule.com/roses-art/
http://www.saatchiart.com/account/artworks/675543
http://www.alittlemarket.com/boutique/rosie17-1262589.html
La page facebook de Rose, c'est ici.
Merci au producteur maraîcher Mocquillon et à la poissonnerie L'Edelweiss, au marché central, de nous avoir prêté leurs carottes et tourteau.
Questions-réponses par courriel.
Dans quelles boutiques t’habilles-tu à La Rochelle ?
Comme les objets que je récupère j’aime bien faire pareil avec les habits : direction Emmaüs à Saint-Agnant ou ce magasin de jeans seconde main sous les arcades à la Rochelle (ndlr : Rouge !). En cherchant bien on peut dénicher la perle rare, le petit haut de marque caché sous une pile ou le gilet en laine tricoté par mamie. Mais j’aime aussi le neuf avec Petit Bateau ou Monoprix, le simple et l’épuré. J’avoue acheter pas mal en ligne aussi car le choix est illimité, surtout pour les chaussures…
Et tes spots pour manger/boire un verre ?
La Solette et l’Amaranthe ont été de bonnes surprises, les produits sont frais et faits maison comme au Prao qui fait aussi de super sandwichs sur les quais. Pour boire une bonne bière le soir, les bars irlandais Mc Nulty et Corrigans et parce qu’on est au bord de la mer et qu’on veut profiter de la vue, les bars du Gabut et les incontournables du port bien sûr !
Si tu avais une baguette magique pour de vrai, tu en ferais quoi ?
Je décentraliserais mon bureau au bord de la mer, sur une petite plage, en mode cabanon modulable ouvert sur la nature, le luxe absolu !
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