Bloguette magique

Publié le : 15/03/2018 à 4h25

La fée une résidence à Villeneuve-les-Salines, suite

Le temps, putain, le temps !


La fée une résidence à Villeneuve-les-Salines, suite

Je trouve ça extraordinaire ce temps, dans les deux sens du mot. Le temps qu’il fée, la météo qui nous restreint et nous contraint toujours malgré notre siècle avancé où on contrôle tout. Et le temps de nos agendas, qui file comme une poignée de jours, peu d’épaisseur de pages entre les doigts.
Hop ici tout de suite, temps-agenda-association d’idées pour l’info essentielle à retenir de ce billet : Projection des films réalisés par des habitants et scolaires à Villeneuve-les-Salines avec l’accompagnement d’Ulrike Böhnisch, réalisatrice en résidence « Part’cours », le vendredi 30 mars à 18h à la salle des fêtes de VLS.

A l’heure où vous lisez ces pages, le printemps frétille déjà. Et à peine se souvient-on qu’il y a 15 jours on pétait de froid.
Hé ben Uli (fée résidente côté vidéo) et moi (fée résidente côté rédaction), on s’en rappelle bien !
Pour elle, le froid et le vent de janvier ont rendu une séance de tournage sans gants et avec des personnages-ballons qui s’envolent complètement usante.

résidence à VLS

Crédit photo Ritchie Roy

Voilà pourquoi, dans le film d’animation réalisé avec la classe de CM1 de l’école Condorcet, l’action passe de la cour d’école au gymnase.

 

résidence VLSLes élèves de Condorcet au studio 17 K’Rats de Villeneuve en train d’enregistrer les voix de leur film d’animation.

De mon côté, une séance d’interview micro-trottoir au marché de Villeneuve a frisé le fiasco.
A cause de la température polaire, seuls quelques rares courageux commerçants emmitouflés avaient monté leur banc, et les passants pressés étaient trop gelés pour s’arrêter. Le froid engourdissait tout, nos lèvres et nos joues - difficile pour parler, et nos doigts - compliqué pour prendre des notes, en plus avec des gants... Même l’encre de mon stylo semblait ralentie. Impossible de déplacer la séquence car tout le calendrier de reportages et d’interviews a été calé, et le projet prend déjà une dizaine de paires d’heures de classe d’Histoire-Géo et de Français des profs engagés dans le projet.

résidence VLSHumour de salle des profs du collège Fabre d’Eglantine. La fée valide.

Bref, ce jour-là, c’était un neigeux mercredi 28 février, heureusement qu’il y avait le Comptoir des Associations je peux vous le dire. Et je rends grâce à Yafa la chaleureuse et efficace Service civique qui y travaille, d’avoir réchauf-fée mes petits sixièmes transis de froid avec son merveilleux thé à la menthe.
Et merci aussi aux gars du Collectif des Associations, qui sont des top animateurs de quartier, pour avoir répondu aux questions des enfants puis pour les avoir raccompagnés à bon port.
Merci enfin à Mots nomades d’avoir occupé le groupe qui attendait son tour d’interview avec la fabrication des jolies boîtes de poèmes Poids Plume. En effet il y avait plusieurs équipes de rédacteurs à gérer en même temps, avec ce temps je ne pouvais pas les laisser en passive observation des autres à l’œuvre.

résidence VLS
Le par-fée thé à la menthe.

Voilà pour le climat. Mais le temps c’est aussi de la gestion et de la logistique. Et parfois il y a de quoi s’arracher les cheveux. Déjà parce que tous ces gens impliqués dans l’histoire ont des emplois du temps de folie.
Comme ce groupe de 6ème qui se rend compte une fois le rendez-vous pris pour l’interview un mercredi après-midi avec demande d’autorisation parentale et tout le toutim que finalement ils ont entraînement de handball.
Ou comme ce garçon de 11 ans plein de passions qui, entre le collège et toutes ses activités, termine la plupart de ses journées à 21 h !
Ou encore comme ces retraitées surbookées, toujours un conseil citoyen, une commission, une réunion d’association, une marche, de la gym…
Ou enfin comme ces actifs qui gagnent leur vie, tout simplement !
Tous ont des agendas de ministre, on en rigole mais surtout je mesure le sens de l’engagement de tous ces gens rencontrés à Villeneuve. C’est assez scotchant. Il y a un esprit bénévole de bonne volonté, oui c’est un énorme pléonasme mais c’est pour bien le souligner car il y aurait de quoi faire une thèse. J’aimerais déjà en faire un article, je vous tiendrai informé-e-s évidemment.
En tout cas, à tous ces gens donnant de leur temps, l’idée de cette résidence dans son aspect médiation culturelle est de leur préparer des outils pour fluidifier la production de contenus vidéos et écrits. Leur apprendre quelque chose tout en leur facilitant la vie, c’est une de nos motivations communes à Uli et moi.

Et eux nous apprennent aussi beaucoup.
Uli est émue quand elle me raconte le parcours de Jerry, un papa malgache passionné de pétanque, qu’elle accompagne pour un film sur ce jeu avec ses deux jeunes fils et un autre habitant du quartier, Laurent. Jerry lui a demandé tous les rushes pour pouvoir les analyser avec ses gamins, aussi férus que lui.
Elle est épatée quand elle voit arriver à leur première séance un groupe de filles ultra-ponctuelles qui viennent de Zig-Zag, l'espace Jeunes du Centre social. En 45 minutes, Hayet et ses copines rédigent leurs 15 questions pertinentes sur le sujet choisi, sous l’angle particulier du manque de filles dans le rap. Rapide, bordé, comme on aime.

De mon côté, j’admire Dominique, une dame qui bosse comme agent d’entretien, qui n’a pas internet chez elle et encore moins d’ordi, et qui brave la neige le soir à 18h pour honorer notre rendez-vous « parce que je l’avais dit, alors je le fais. » Pour elle, qui s’est inscrite à mon atelier rédaction parce qu’elle aime les mots, pour les autres adultes rencontrés qui ont envie d’écrire pour partager, je travaille à un « tuto », une méthodo pour écrire sans complexes que je dois livrer d’ici la fin de la résidence.
Touchante aussi, Claude, qui adore participer aux comités de rédaction et de relecture du journal de quartier Villeneuve-Info, mais qui doute de sa légitimité parce qu’elle n’a pas forcément envie d’écrire. Pourtant je l’ai vue en réunion, Claude, doucement ferme, garante des tournures d’auteur des autres, dont on s’astreint à corriger l’orthographe mais pas l’expression personnelle. Bien sûr qu’elle a sa place dans ce journal !
Surprenante également, Emma, stagiaire souris à petite voix, que j’ai à peine entendue pendant ses quatre semaines de stage au Collectif des Associations, et qui l’avant-dernier jour bam me présente un projet de plate-forme web qui répond au cahier des charges énoncé en réunion quelques jours plus tôt ! J’en aurais pleuré… de joie !

Impossible de conclure ce billet sur le temps sans parler des pertes de temps. Par exemple, ce soir d’atelier organisé dans une salle du Centre social car le Comptoir, notre fief, était occupé sur le créneau 18h-20h. Le défi : montrer et faire avec le groupe ce qui est prévu, entre les arrivées et les départs des uns et des autres, courir après les clés, déranger le cours de yoga dans la salle d’à-côté, gérer la pause clope, trouver comment éteindre les lumières parce qu’on est les derniers, tout ça en 2 heures maxi de temps imparti… Et intégrer une fois pour toutes que ce qui doit prendre 5 ou 10 minutes en prend en réalité 25.
Alors quand on pense en plus au temps pris par la bise ! Et là je ne parle pas de la bise hivernale, brrrr, mais de cette coutume tellement française, smack smack, multipliée par le nombre de réunions ou de rencontres et par le nombre de personnes concernées… Uli m’a raconté qu’en Suisse allemande les élèves serrent la main à leur prof en début et en fin de cours, ça veut dire 27 paluches serrées en moyenne, x 2 (début et fin de cours) x 4 classes !
Sur ce, je ne vous serre pas la main ni ne vous fée la bise hein, mais le cœur y est !