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Chargée de communication et coordinatrice croisières, Marie Guégan travaille au Port de La Pallice, seul port en eau profonde de la façade atlantique.
Cette Bretonne originaire des Côtes d’Armor, - « la côte de granit rose » - rencontre le père, un Rochelais, de son fils pendant son BTS de Secrétariat de direction – « aujourd’hui on dit Assistant manager » - à Brest. C’est ce qui l’amène à La Rochelle, où elle est d’abord employée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). Puis elle entre au Port en 1994, c’est la troisième femme recrutée sur 75 personnes à ce moment-là. « Cela fera 24 ans en juin cette année. Je ne me suis jamais ennuyée. Et cette lumière rose sur le Port le matin, j’y suis attachée. »
Marie est intégrée dans le « Service du Port », service technique qui s’occupe de la gestion des grutiers, de celle des quais, des infrastructures portuaires et de leur maintenance. Le Port de La Pallice revendique déjà ses galons de « premier port importateur de grumes tropicales », et la stratégie est axée sur le développement des filières. « A cette époque, il y avait quelques escales de paquebots, c’est le cas depuis 1970 car La Rochelle a toujours été attractive. Mais c’était au nombre de 4 ou 5 par an seulement, soit environ 3000 passagers. Le directeur incluait les croisières simplement comme touche commerciale de son plan d’actions. »
Son directeur général est Yves Bouvart, auparavant professeur agrégé d’Histoire-Géo et chargé de mission de la filière bois. C’est lui qui commence à mettre en place la communication du Port. « Il m’a fait participer à toutes les étapes au fur et à mesure, la réalisation de plaquettes, d’annonces presse… » Yves Bouvart ira une première fois au Salon de la Croisière à Miami en 1998 sans trop croire à l’intérêt pour le Port d’y avoir un stand. Il préfère aller voir chaque compagnie en lui apportant ce dont elle a besoin : des photos des sites touristiques ! Marie se met à la photo sous l’égide de son directeur, et prend des rendez-vous aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne… « J’avais pris l’option Langues étrangères pendant mon BTS, parler anglais m’a toujours attirée. » L’année suivante, le Port prend un stand de 9 m2 à Miami. La première fois, Marie y va pour observer. La deuxième année, elle ose aborder les compagnies. Depuis c’est elle qui s’y colle, tous les ans : « Toutes les destinations de croisières du monde sont présentes ! »
Dès 1996 cependant, l’idée d’accueil est bien ancrée dans la philosophie du Port. Toujours par de la documentation comme un plan de la ville pour le shopping, financé par la CCI avec la contribution des commerçants, et physiquement. « D’abord on montait à bord avec notre petit carton de brochures, ensuite on a été sous un tivoli sur le quai, puis on a eu une petite maison d’accueil façon maison charentaise pendant 10 ans, mise en place par les grutiers avec des chariots élévateurs en fonction du placement des paquebots. On faisait le travail d’un office de tourisme ! La Ville nous prêtait des palmiers. Et on met toujours en place les pavillons et drapeaux, car c’est important de montrer les nationalités en présence. »
Pour l’accueil, le Port fait appel aux services d’étudiants de BTS Tourisme du Cipecma et d’une école privée de formation puis à partir de 2011 à une agence d’hôtesses.
Entre-temps, en 2003-2004 Marie reprend le chemin de l’école pour valider ses acquis. « J’ai fait un master management de projets touristiques à Sup de Co La Rochelle, tout en continuant de travailler au Port 2 jours par semaine, c’était chaud comme on dit mais très intéressant de reprendre ses études en cours de route. »
Marie avec le staff d'animation du Sapphire Princess
De fait, La Rochelle se distingue grâce à cette personnalisation de l’accueil dès l’arrivée des croisiéristes sur le quai. « Les passagers sont épatés car dans les autres ports, il n’y a pas d’équipe dédiée à disposition pour répondre à tous les besoins. »
Les demandes de renseignements des passagers côté navettes et taxis par exemple sont gérées par le tour-opérateur, et l’agent maritime orchestre le compte d’escale, c’est-à-dire tous les services dont le paquebot a besoin quand il arrive : pilote, lamaneurs, remorqueurs, avitaillement…
En relation avec le tour-opérateur et l’agent maritime, Marie concentre les infos et fée le lien entre tous les professionnels réunis sur l’escale pour qu’elle se passe bien. Le jour de l’interview, le paquebot Sapphire Princess de la compagnie Princess Cruises était arrivé dans la rade à 5h30 du matin pour repartir à 19h. « Une grosse escale qui représente 2700 passagers et une soixantaine de personnes au travail. » L’escale initialement prévue par la compagnie était Bordeaux, La Rochelle avait été décidée trois jours avant seulement (!) à cause d’un changement de programmation.
José Varella, un scénariste et écrivain qui habite à Laleu, avait tourné « En attendant Delphine », un film sur « la Delmas », le navire de commerce de Cogémar devenu groupe Bolloré. Il était entré en contact avec Marie Guégan à ce moment-là. Plus tard elle a découvert qu’elle était l’un des personnages du dernier roman de M. Varella, Quai des grumes, dans lequel l’attractivité physique des femmes est notée par des étoiles. Hum. On lève un sourcil. Marie répond : « Cela ne m’a pas vraiment choquée, ça faisait partie de l’ambiance du Port à l’époque… pas si lointaine », et ne retient que la rencontre, une de plus parmi toutes celles si variées qui participent de ce que Marie préfère dans son job. « Je suis habituée à rencontrer des gens, et c’est intéressant de se gérer soi-même vis-à-vis de toutes ces personnalités différentes. » N’empêche, entre la coordination des croisières et la mission communication, Marie suit une cadence si intense qu’elle sera amenée à récupérer des vacances non prises en une fois six mois ! « J’avoue que j’étais fatiguée… »
En 2005, le Port est devenu autonome. Plus de gestion de la CCI, La Pallice appartient à l’Etat. Les services de la Direction départementale de l’Equipement (DDE) fusionnent avec le Port, ce qui donne plus de lisibilité. Un nouveau directeur du Port autonome arrive, et dans la foulée, du renfort pour un service Communication qui se structure avec Sarah Boursier comme responsable et Thierry Rambaud pour la photo, la rédaction et le développement de la lettre du Port, Escale atlantique, au grand soulagement de Marie.
Mais au fait, voyage-t-elle, elle qui « baigne » dans les croisières ? « Depuis que le Port a intégré le réseau Cruise Europe, j’effectue des déplacements réguliers et des voyages qu’on n’oublie pas », se souvient Marie en évoquant une île au large du Danemark ou Hambourg, qu’elle a adoré. Pourtant, elle se rappelle la culpabilité de laisser son fils Maël, qu’elle a élevé seule. Pour l’anecdote, elle a fait monter celui-ci sur un bateau, le Norwegian Dream, à l’âge de 4 ans. Vingt ans plus tard, il travaille dans la maintenance nautique, il n’en veut donc pas à sa maman.
Bon, et faire carrément une croisière, maintenant que le fiston est grand ? « Mon rêve serait de partir avec la Compagnie des îles du Ponant, la seule compagnie de croisières française, destination l’Aventure ! » Plus simplement, pour s’évader, Marie randonne dans la région avec sa chienne Moon et pratique le yoga (ndlr : avec Géraldine Nectoux, la fée du numéro de janvier 2015). « C’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour avoir un bon moral et n’avoir mal nulle part. Je ne peux plus m’en passer ! »
Quels sont vos spots pour manger / boire un verre à La Rochelle ? J’aime bien Hattori sur le Vieux Port et aussi le Café du Nord.
Et les boutiques dans lesquelles vous vous habillez ? Ma caverne d’Ali baba c’est la boutique Tiko rue Chef-de-Ville, c’est plein de couleurs, je m’offre un bouddha en bronze par an et je craque pour les tissus et tuniques. J’aime aussi les boutiques de la rue Saint-Nicolas.
Un événement culturel, passé ou à venir, qui vous a marquée ou que vous attendez impatiemment ? Jazz in Out, j’aime bien le concept !
Si vous aviez une baguette magique pour de vrai, que feriez-vous ? J’aurais une maison pas trop grande avec un grand terrain arboré et des chiens et chats, pas trop non plus faut pas exagérer...
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