Géraldine Nectoux

La Fée De Son Mieux

Géraldine Nectoux

 

PhotoS MARIE MONTEIRO
Texte Elisabeth Schwartz

C’est Géraldine elle-même qui se résume ainsi. « Faire de mon mieux, ça pourrait être le mantra de ma vie. Quoique je fasse, que ça marche ou pas, je vais toujours  jusqu’au bout tant que j’ai l’envie et la conviction. » Diplômée des Arts & Métiers, cette ancienne ingénieure est devenue prof de yoga. « Si c’était à refaire, je referais tout pareil ! »

« Ma mère m’a eue à 16 ans. »

Et à 16 ans elle-même, Géraldine quitte son giron, et arrête l’école. Elle part travailler chez ses grands-parents, qui tenaient une boutique d’Arts de la table en Bourgogne. Ils apparaissent immédiatement dans la conversation, car ils sont sa véritable famille, et l’ont toujours encouragée, portée dans ses décisions. « Trop tôt on nous demande de faire des choix, alors que l’enfance, l’adolescence, c’est la période où l’on devrait avoir la possibilité de découvrir, d’expérimenter, de développer ses envies, sans pression. » Géraldine se frotte au monde du travail pendant 2 ans, puis décide de retourner étudier, en se prenant en charge. Elle réintègre le parcours scolaire en fin de troisième, et passera son bac à 21 ans, tout en étant pionne de dortoir dans une institution religieuse. « Depuis j’ai l’ouïe super fine ! »

 

Premier amour, qu’elle part rejoindre à Paris, où elle va poursuivre ses études supérieures. L’histoire ne dure pas, mais les études, si. Géraldine fait du droit, puis de la psycho… pour finir par obtenir au CNAM son diplôme d’ingénieur en informatique, spécialité en architecture des réseaux, « mais on s’en fiche un peu. » La belle papillonne en parallèle de petit boulot en petit boulot, un peu de mannequinat, un peu de régie pub… et passe sa vie dans le train entre Paris et La Rochelle, où elle rêve de vivre. Elle s’en rapproche, en intégrant une boîte de progiciels à Angoulême : « Je n’y suis restée qu’un an, car je « pissais de la ligne », pas exactement ce que je voulais… » Mais Géraldine rencontre des gens, crée son réseau et sa propre petite entreprise d’ingénierie informatique, où elle conçoit des progiciels pour des sociétés de cognac.

Une rencontre capitale : son fils !

Nouvel amour, un Rochelais qui part en mer pour 3 mois et propose à Géraldine de s’installer chez lui. L’homme habite en cœur de ville, c’est le joli mois de mai… Quand il revient, la demoiselle reste, ils sont heureux et ont un enfant. « Il est,  à 17 ans aujourd’hui, une des plus belles rencontres de ma vie ». Géraldine arrête son activité, et va donner des cours à l’Université de La Rochelle pendant trois ans. Puis elle entre chez Ioltech, spécialiste de la chirurgie ophtalmologique, un fleuron technologique, pour piloter toute la circulation de l’information électronique dans l’entreprise qui est passée en 10 ans de 15 salariés à 400. « Dix ans merveilleux, pendant lesquels j’ai grandi avec l’entreprise, qui a grandi avec moi. » Tous les soirs, quelle que soit l’heure à laquelle elle rentre du boulot, Géraldine court 10 kilomètres. Elle se met au yoga en 2006, lorsque son patron, Philippe Tourrette, vend la société à l’Allemand Carl Zeiss Meditec. « Ce que je lâchais dans la course à pied, je me suis mise à le lâcher dans le yoga. Avant, je ne sortais pas du bureau avant 21 h. Puis j’ai réussi à me dégager du temps pour aller à mon cours de yoga tous les jours à 19h. » Géraldine reste encore deux ans après le rachat, puis estime avoir fait le tour du job.

Géraldine Nectoux

« Le yoga  ne m’a pas choisie, j’ai plus l’impression de m’être imposée à lui. » Géraldine n’est pas une yogini, elle est dans l’ascèse, mais pas dans le renoncement ni le sacerdoce. Elle était végétarienne avant de pratiquer et a mis du temps avant de se laisser aller à chanter le Om, la syllabe sanskrite à l’origine de tout. « Paix et amour, oui, j’essaye. Je suis une grande sensible en colère par nature, alors le yoga me permet de me bonifier en m’amenant à plus d’empathie, plus de rondeur. Avant je pensais que c’était blanc ou noir. Aujourd’hui je sais qu’il y a toute une palette. Et surtout, je suis dans le moment présent. »

Géraldine reçoit un savoir de Rodolphe Millat, son « maître » - « j’ai mis longtemps à pouvoir le nommer ainsi, car moi, c’est ni dieu ni maître ! » - et tente de le transmettre à son tour.

Rien à voir avec le cliché de l’illuminé assis à méditer.

On peut s’étonner du fait que le yoga, discipline non sportive ne soit pas reconnu par le Ministère des Sports, mais par celui de la Culture, Géraldine quant à elle s’arrête sur le mot « prof » : « Trop ronflant, on devrait dire instructeur. La question se pose d’ailleurs de comment rassurer les pratiquants de yoga quant aux aptitudes d’accompagnement des enseignants, la qualité de leur formation, garder la richesse et la diversité du yoga, sans uniformiser la discipline en lui donnant  trop de cadre et de normes, sans passer un coup de ripolin bien blanc sur tout ça ! »

En ce qui la concerne, même si Géraldine ne sait pas si elle enseignera le yoga toute sa vie, la discipline en fera toujours partie comme un art de vivre et elle valorise sa pratique chaque jour. Elle a approfondi ses connaissances en philosophie, en sanskrit, en anatomie et a obtenu une certification en ostéopathie, ce qui lui permet « de lire le corps de mes élèves. Mais attention, précise-t-elle, je ne suis pas « –peuthe », je ne donne qu’un outil, et chacun en fait ce qu’il veut. En tout cas, je pense que le yoga devrait être remboursé par la Sécu, les Français consommeraient moins d’anxiolytiques, et ça rééquilibrerait le budget ! » (rire).

En attendant cette utopique révolution, Géraldine agit et propose depuis 2 ans des cours solidaires à 5 euros, le samedi matin et maintenant aussi le mercredi, sur le Mail en été, et dans le studio qu’elle loue à Laleu, en hiver. Une initiative qui part d’un principe de vases communicants essentiel pour elle, une façon de redonner ce qu’elle a reçu, en pensant à son maître qui lui permit de poursuivre sa formation pendant 5 ans, même lorsqu’elle n’avait que le RSA comme ressource et ne pouvait pas la payer. « L’idée n’est pas de casser les prix du marché, je propose d’autres cours à un tarif plus couramment pratiqué. 5 euros, c’est pour permettre à tous de profiter de cette voie royale qu’est le yoga, de transcender un quotidien parfois éprouvant, d’oublier les factures, les soucis, de pouvoir prendre soin de soi pendant une heure et demi. » On ne peut s’inscrire à ce prix-là qu’une fois par semaine, pour un cours de 15 personnes, nombre maxi pour rester proche et avoir de l’attention pour chacun de ses élèves. « Ce qu’on a fait pour moi, je veux pouvoir le faire aussi. »

“… le yoga devrait être remboursé par la Sécu, les Français consommeraient moins d’anxiolytiques…”

De quoi j'me mail ?

Questions-réponses par courriel.

Dans quelles boutiques t’habilles-tu à La Rochelle ?
Je mixe des belles pièces acquises à une période financièrement faste avec des achats vide-dressing, ou  à la boutique Falbala. L’idée du recyclage, de la continuité me plaît bien. Néanmoins mon amie Carole a ouvert le très joli Madame Rêve rue Saint Nicolas. Je vais profiter des soldes pour un jean impeccablement coupé.

 

Et tes spots pour manger/boire un verre ?
Mon Homme est  un épicurien qui respecte mes choix alimentaires et ne m’impose  pas l’entrecôte  dont il raffole.  Nous allons à La petite Marche au marché, la gentillesse d’Etienne me fait fondre, Myself à la Ville-en-Bois, c’est bio et bieau, La Cave de Laleu, nos voisins, et Le Vinophone pour des jolis vins, l’ambiance.

Si tu avais une baguette magique pour de vrai, tu en ferais quoi ?
La même réponse que Miss France… La Paix dans le Monde.