Bloguette magique

Publié le : 08/10/2016 à 9h30

Fée tes devoirs ! Une méthode de travail pertinente.

Aaaah… dolescence, que de larmes fais-tu couler, ô rage ô désespoir… notamment quand on en vient à la question des devoirs. On se calme, un mois à peine écoulé depuis la rentrée voici une méthode fort intéressante pour gagner en sérénité.


Fée tes devoirs ! Une méthode de travail pertinente.

La fée est mère de deux ados femelles, dont l’une vient d’entrer en seconde à Valin. Cette petite chamelle ayant omis de mentionner la sacro-sainte réunion de rentrée parents-profs de fin septembre, ce pour quoi elle fût lourdement punie - « Privée de portable pendant 2 heures ! » - elle n’oublia pas de me remettre plus tard un petit papelard du lycée invitant les parents – et leurs enfants s’ils le souhaitaient - à une conférence sur « un temps de travail efficace dans le temps personnel de l’élève ». La fée votre serviteuse a pris quelques notes qu’elle s’en va vous divulguer car ce genre d’initiative qui fait aimer l’Education nationale – si, si c’est possible - vaut vraiment le coup d’être relayée.

En arrivant au lycée à 18h, je fus intriguée non par le fait d’être accueillie par le proviseur, stylé avec son nœud pap’, mais par son enthousiasme : « Bravo, vous avez fait un très bon choix de venir écouter cette conférence ! »
J’entre dans la salle de conférences de Valin, Mr Maissin, prof de Physique-Chimie est assis sur le bureau en toute décontraction et il a commencé à taper la discute avec les parents déjà présents. Ça parle téléphone portable. « Les parents sont souvent les plus mauvais élèves, ils l’ont à table, il reste allumé au cinéma… » Discrétos je vérifie que le mien est bien en mode silencieux, s’agirait pas de se faire afficher par une sonnerie intempestive.

Les élèves de seconde ont des journées plus longues, plus de liberté, ils sont plus sollicités à travers leurs moyens de communication et ont le sentiment d’avoir moins de travail. Pourtant, ils ne mesurent pas le niveau d’apprentissage attendu ; il y a certes moins d’exercices à la maison, mais pour les profs, il est clair que le cours est compris et appris, afin non pas d’être juste restitué, mais bien utilisé avec précision.
Comment y parvenir ? Bien plus simplement que vous ne le pensez, dès lors qu’on y met un minimum de rigueur et de régularité.

« On a coutume de dire « Chacun sa méthode » mais au final personne n’a de méthode. Ou alors, à Bac +5 oui on a une méthode, mais pas en seconde. D’ailleurs, souvent les profs ont été des élèves qui n’ont pas eu de difficultés à l’école, donc ils ne voient pas l’importance de donner une méthode. »
Monsieur Maissin présente la sienne en toute humilité, mais on sent que le dossier est méga-bordé, et que la méthode de travail en question est éprouvée et approuvée.

Elle repose sur 4 principes :

1). Tenir compte de la fatigue réelle liée au travail d’élève. Entre la fin des cours et l’heure du dîner, il faut savoir que nos enfants ne sont bons à rien intellectuellement parlant. Ils ont enquillé des heures de cours, ils ont dû être attentifs toute la journée. En sortant du lycée, ils ont le « cerveau d’une limace en fin de vie », donc peu enclin aux apprentissages. Et là, bam première révélation voire révolution : faut les laisser tranquilles ! Même s’ils chassent le pokémon ou qu’ils se lobotomisent à coup de Ch’tis à Rio, on leur fout la paix, ils ont besoin de récré. Donc pas de « Les devoirs avant le plaisir », mais carrément l’inverse. C’est un deal, qui tient seulement si les trois autres principes sont respectés.

2). Travailler le soir, avant le coucher. Hé ouais, le truc inimaginable, qu’on veut à tout prix éviter a priori mais qui en fait est l’une des clés de la mémorisation. L’idée c’est d’habituer son cerveau à effectuer cette tâche chaque soir en commençant à heure fixe et en finissant à heure fixe, ça s’appelle de la chronobiologie.
Du genre, après le dîner, à 21h pile – et pas 21h03 – on se met devant son bureau pour une demi-heure ou 45 minutes maxi. L’élève sait que c’est son créneau de travail, ainsi s’éloigne l’envie de torcher le plus vite possible pour s’en débarrasser. Ce temps de travail est connu de tous dans la maisonnée, et respecté – ouste les petits frères et sœurs taquins ou curieux…. Tout comme les parents intrusifs. C’est fini le temps de la récitation, maintenant nos futurs étudiants doivent devenir autonomes… Et virez-moi ce téléphone portable de la chambre ! D’ailleurs, dans un monde idéal, on pourrait imaginer que les quelques copains copines dont on ne voudrait pas rater le moindre message se mettent d’accord pour bosser sur le même créneau, soit un temps mort de communication, et zéro tentation de checker son téléphone…

3). Organiser finement ce temps de travail. Ou comment découvrir les vertus de l’apprentissage distribué, plutôt que de l’apprentissage massé. En d’autres termes, au lieu de consolider ses connaissances en une seule grosse fois (= bachotage), on les consolide en plusieurs petites fois. Attention, cette méthode vaut pour des élèves qui sont attentifs en cours, car c’est en classe que se fait 90% du boulot. Encore une fois, on parle non pas de quantité mais de régularité.
Alors voilà, il est 21h, l’ado est installé à son bureau, et il commence sa session de travail par 10 minutes de relecture des cours de la journée. On ne lui demande pas d'apprendre, mais juste de relire tranquillou ce qu’il a noté. Il peut aussi diluer ses 10 minutes plus tôt dans la journée, pendant une heure de perm’ ou en rentrant en bus par exemple. Puis pendant 20 minutes vient le travail de fond : une leçon à apprendre, un DM, un exercice… à faire pour au moins 2 jours plus tard. Comme ça, pas de panique si ce n’est pas fini au bout des 20 minutes, ça pourra être terminé le lendemain ! C’est l’apprentissage de l’organisation et de la planification. Les dernières dix minutes sont consacrées à la lecture des cours du lendemain pour se les remettre en tête. Les réactiver ainsi rend le cours à venir beaucoup plus intéressant, accessible et in fine, bien mémorisé.
21h45, la session de travail s’achève. Comme on est des gentils parents on laisse encore 10-15 minutes après le brossage de dents pour (lire) envoyer et recevoir deux-trois sms ou snap ou tweet et puis c’est dodo – sans téléphone ou alors impérativement en mode avion ! Pas question de se bouffer des ondes toute la nuit et de potentiellement se faire réveiller par un signal sonore ou lumineux quelconque, car le sommeil est un précieux allié. En effet, celui-ci prend en charge une partie des apprentissages. No stress si l’ado ne dort point à 22h30, le principal étant qu’il ait la totalité de ses cycles de sommeil sans interruption, soit 4 à 5 cycles consécutifs d’environ 90 minutes chacun.

Petit mémo sur la constitution d’un cycle de sommeil :
a) Extinction des feux, on est toujours éveillé mais calme.
b) Phase de sommeil lent, pendant lequel on oublie les infos inutiles (entre 60 et 75 minutes).
c) Phase de sommeil paradoxal, pendant lequel on rêve et où se rejoue et se consolide l’apprentissage. A chaque cycle, plus on avance dans la nuit, plus cette zone d’apprentissage est longue (entre 15 et 30 minutes).
d) Phase intermédiaire, on enchaîne vers un autre cycle ou… vers l’éveil.

4). Travailler dans de bonnes conditions. Ça veut dire pas vautré sur son lit mais bien assis à son bureau, sans source de distraction. Donc, pas de téléphone (45 minutes, l’ado devrait survivre) ou d’écran. Côté musique, ça se discute. S’il s’agit de chansons à textes, ça peut embrouiller, mais la musique classique au contraire booste la concentration pour certains.
Tiens, d’ailleurs, autre révélation iconoclaste qui sera lue espérons-le par des profs : stop à la guerre au chewing-gum ! Celui-ci donne un rythme, il agit comme un métronome sur la concentration. Comme le fait de se balancer sur sa chaise, ça nous insupporte nous les adultes, et pourtant ça relève des neurosciences, du genre c’est physiologique chez l’ado, alors arrêtons de gaspiller de l’énergie en s’énervant pour rien. Peace quoi.
En revanche, il est important d’être en position « active » car une astuce pour bien travailler chez soi est de s’imaginer dans les conditions réelles d’évaluation, et au moment de l’examen, de se visualiser dans les conditions réelles d’apprentissage. Si on se voit affalé sur son lit, ça brouille le message de l’efficacité quand le cerveau doit être alerte. Dans le même esprit, si une odeur est associée à une révision d’un cours, sentir cette odeur permettra de se rappeler plus facilement le cours. Ça marche aussi avec les lieux. Ainsi notre conférencier tendance one-man show captivant nous confie que lorsqu’il était étudiant, il apprenait ses cours aux wc, dont les murs étaient tapissés de fiches.

Merci Monsieur Maissin pour cette confidence, mais surtout pour cette conférence que l’on doit à l’initiative personnelle de l’éducateur passionné que vous semblez être. Il ne reste plus qu’à souhaiter que ce genre de démarche essaime… !